Villiers
Un Peu d’histoire… (Extrait de Stèles Brisées ou la Bretèche de Villiers Ste Radegonde 1958 H BOUZON).
Un soir « le chant de la cloche » de Villiers « s’est tu… »
Villiers est présentement un tout petit hameau, aux pierres disparates.
Villiers silencieux morne, amenuisé, fracturé est un petit ilot rocailleux qui se consume abandonner dans une lagune de terre.
Villiers, au début du siècle dernier, figurait dans notre canevas civique, comme une commune très complètement constituée.
Cette agglomération, sans doute de modique taille, s’était maintenue depuis longtemps socialement, religieusement, administrativement, à un potentiel vital lui faisant atteindre une individualité et une dignité inentamables.
Les défaites napoléoniennes, le marasme économique et surtout les tempêtes sociales qui sévirent conduisirent à une politique d’austérité.
C’est ainsi que les « trop » petites cellules administratives apparaissaient dans la législation effervescente du moment des subdivision excessives, perturbatrices, couteuses.
Et bon nombre de petites communes furent décapitées et greffées à d’autres plus importantes et souvent socialement mieux pourvues.
Dans le Loudunais, Crué, tout près de là, fut dé municipalisée et réunie à sa voisine géante Sammarçolles, en 1819.
Notre Villiers, en dépit de son unité fondamentale magnifique, dût subir un châtiment analogue : par ordonnance Royale du 7 avril 1840, il était légalement et officiellement rattaché à la commune de Messemé.
Une fois son conseil municipal dissous, ses registres administratifs furent transférés le 1er janvier 1841.
Fatalement, il devait s’en suivre la paralysie de toute sa contexture.
Par les archives de Messemé, nous savons que la dernière réunion du conseil municipal de Villiers eut lieu le 7 mai 1839 ; elle ne dut pas manquer de solennité et aussi de tristesse, plusieurs édiles pressentant bien sur ce qu’il adviendrait par la suite de leur patrimoine.
D’ailleurs, il faut bien croire que déjà, ils avaient conscience de la vanité de leur mandat puisqu’ils ont arrêté leurs délibérations presqu’un an avant leur éviction officielle.
Bien sûr, la population indigène allait s’amenuisant depuis un siècle. Le recensement de 1836 n’avait pu découvrir que 124 âmes au fond des 29 maisons éparpillées sur les 400 hectares villiésois. La modicité de cet effectif était une proie désignée à l’appétit de l’hydre publique, affamée dans un chenal compris entre deux révolutions.
Une nouvelle loi électorale de 1831 avait permis que les conseils municipaux, jusque-là nommés par le Gouvernement, fussent élus par les citoyens les plus riches.
Le Marquis Othon de Messemé signait alors à la fois maire de Villiers et maire de Messemé.
La légende du diable du moulin de Villiers
Cette histoire fabuleuse appartient tout à la fois au cycle de la légende dorée de Sainte Radegonde et à celui des contes moyenâgeux où l’on voit le diable bafoué.
Elle se rattache au séjour que fit la Sainte dans sa villa de Saix en Loudunois avant la construction de l’abbaye de Sainte Croix à Poitiers.
En voici le thème primitif :
Venant de Saix, Sainte Radegonde, de passage en son domaine de Villiers, s’était arrêtée au moulin à vent où elle brochait des chausses, lorsque le diable, qui ne s’attendait point à l’y trouver, entra à l’improviste.
A la vue de la Sainte, il voulut ressortir, mais celle-ci lui coinça le bout de la queue en tirant le courail (verrou), et, pour mieux l’y assujettir, lui planta ses aiguilles à tricoter dans l’appendice caudal.
Sur quoi, elle demanda le curé de la paroisse. Ce dernier aspergea d’eau bénite le démon qui, fou de rage, se dégagea d’un tel bon qu’il se retrouva sur son séant à Ouzilly-Vignolles, en un lieu appelé depuis lors la Culée du Diable.
Au cours de ce bond formidable, il lâcha dans son émotion, au-dessus de Chalais, une énorme crotte qui se pétrifia et devint la Pierre Levée de Nouzilly, détruite au XIXe siècle pour servir à l’empierrement de la route de Poitiers.
A la suite de sa mésaventure, le diable resta plus d’un siècle sans revenir à Villiers.
Voilà ce que dit la légende.
A noter que les versions scatologiques sur l’origine des monuments mégalithiques ne sont pas rares en Poitou. C’est ainsi que près de Saint-Maixent, le tumulus de Montreuil est dit l’Etron de Gargantua.